isthme : bande de terre étroite située entre deux mers et rejoignant deux terres.

pervers: mot trop chargé pour qu'on le dise trop vite, une longue histoire sous l'étoffe du confessionnal, sur le divan des psychiatres, dans les romans de hall de gare. Se dit sans rougir du "non" que l'on oppose à celui de son père. Se dit sans frémir des limites que l'on ne reconnaît pas. Le fantasme de mes névroses. La première fois devant le miroir et toutes les autres en solitaire. Tout "ce qui se joue avant six ans". Tout ce qui, chaque quart de siècle, revient, dans la bouche des bonnes gens.

isthmes pervers:
les recoins sombres,
quand "ça" me pré-okupe,
les chemins de traverse,
de travers,
empruntés aux tortueuses illusions,
vaines déambulations,
pointe des pieds,
pas chassés,
les trains sans arrêt que je n'arrive pas à prendre et ceux dans lesquels je me suis endormie, une autre fois.
Le noir des nuits où je meurs, celles qui me transportent au petit matin les yeux ouverts, quand je les ferme sur d'inconscients voyages, sur la rencontre sans frisson des corps, sur mon vide et le leur,
sur le leurre,
des heures
à attendre,
que le prochain soit le dernier,
retrouver le goût du premier.
L'opaque de mes nuits alcoolisées,
quand j'suis tricard de moi-même,
borderline
j'me malmène,
quand j'aime,
trop,
pas assez,
mal,
le flou de ces journées,
les transits transitoires,
les passages à passer,
ceux que je n'ai pas osés.
Exilée à s'y perdre,
bousculée à s'y prendre,
au jeu,
prise à s'en pendre.
Les mises en scène que j'me joue en solo, quand solitaire j'm'envoie en l'air, l'air de rien.
Quand j'ai trop cru, imbue de lui du bout des doigts, les marges en moi,
les tensions sans son,
sur le fil du rasoir,
des crânes à raser,
dans mes labyrinthes,
éreintée,
les pandas croisés,
les chats perchés,
poudre au nez,
poudre au yeux,
les chagrins silencieux.
Tout ce que je raconte et que j'arrive pas à dire,
sans frémir,
sans rougir
sans partir.

Dijon, nov 04