10 heures
XIe arrondissement
pluie métallique

Aujourd'hui, à 27 ans,
de loin, cette enfant depuis toujours
souris traquée sous une casquette noire
fait son âge.
ne manque pas de charme
"nerveuse comme toujours"

a les qualités de ses défaults.
avec brio
"Disons que le football, ça... m'ennuie."

fait le désespoir de ses parents,
exerce un job alimentaire
chèques en bois, devient interdit bancaire.
-idoinement fauchée.
résignée. Quand on lui pose la question de sa retraite, son regard s'évade.
"Il faudrait laisser au poisson le temps de se reproduire."

flâne en famille. Rodée
c'est vrai, "est majeure, libre, responsable".
mais se sent loin des jeux de l'amour.
pas de caresses, pas de jeux.
"Dove, je te préfère quand tu déclame du Spinoza."
presque morte déjà.
"Beaucoup plus prudente"
nue malgré tout

depuis plus de vingt ans
ne quittera jamais la Lorraine...
c'est un ovni, un objet bizarre,
l'électron libre qui ne dort jamais (suppose-t-on)
Quand j'étais petit, j'étais plié en deux

a toujours l'index sur les lèvres, genre "je me la ferme"
"bad boy" très "périphérique"
"Qu'est-ce qu'on attend pour foutre le feu"
parvient à "faire le grand écart", séduisant
a de la gueule.
un névrosé pathologique, capricieux et génial
avec mention "TV" vissée sur la crâne
festif voire déconnant,
"it's beaujolais nouveau time"
Il feinte encore : "Ta femme regarde le football?"

"parce qu'il ne faisait peur à personne"
pris des demi-décisions et fait des erreurs
tant d'années traversées de difficultés matérielles et morales : ce qu'on appelle une vie
triste et anesthésiant.
"J'ai traversé ça tout seul et croyez-moi, j'en ai bavé"

Et, au coup de sifflet final,
on peut aussi relever des simillitudes.

21 avril 2002
en descendant vers le sud
à Senigallia,
en virée dans le coin.
hors contexte.
Premiers bains de mer, 100% pudique.
se seraient certainement ennuyés ici.
Puis un claquement
Ce "coup de tonnerre" dans un ciel serein
"samba-isé"
35° à l'ombre,
surgit des flots en bikini
là est derrière elle,
Elle est belle
il le sait.
clin d'oeil affectueux,
apprivoiser le petit oiseau,
se revoient plusieurs fois,
chauffés à bloc.
Partis confiants,
en avant la vie
entre amourettes et bronzettes.
croient dur comme fer
Un avant-goût du bonheur bête
aux arômes de petits fruits rouges,
vient vite.
charnel, un autre jardin. A chaque époque ses fantasmes.
: "Avec vous, je serez une victime consentante."
Tombés "enamorados" l'un de l'autre,
Sérieusement. Presque.

Et tout est bien qui commence bien.
Mais ils sont restés au milieu du gué.

dit : "Que faites vous?"
"J'ai un lien affectif avec Google!"
"sympathique"

il dit "Je vote Bayrou", "turlupin"
Pathétique.

n'y croit pas une seconde : "De phare ? Et la prise au vent? Qu'est-ce que vous en faites!"
: "Si vous parlez de tout en même temps on ne va pas pouvoir approfondir..."
: "Je m'estime assez vieux désormais pour me désintéresser de tout, sauf de la sagesse et de la poésie"
un peu "m'as-tu-vu", s'insurge.
: "Calmez-vous, ne me montrez pas du doigt."

La sauce ne prend pas. La poésie n'est plus là.
: "C'con là, y's'barre. Non mais c'est dingue!"

"Le feu couve".
Pour l'heure, ils en sont pour leur frais.
Difficile d'y voir clair : dans un cas, rien n'est joué ; dans l'autre, c'est plié.

mardi soir à Lyon. Le trouble
à sa porte
neuf exemplaires - sept sur papeir bleu, un sur papier rose et un sur papier doré,
tapée à la machine :
("C'était un train de nuit. J'arrive")

sur le milieu de la nuit
dans de petits hôtels,
à peine plus d'un mètre carré.
Dans des mises en scène inventées par eux.
pliés en deux.
vertus du mélange
d'une délicatesse inouïe. Du Beethoven
plaisir : "sa chemise était trempée"

"Avant je ne ressentais aucune émotion."

Non, il ne s'agissait pas d'une hallucination alcoolique,
"C'est peut-être la peau qui pense",

Rassurés mais sceptiques.
galopant fiévreusement
jouissant.
"Sacrée main gauche, mon salaud",
"On est quand même aussi là pour rigoler..."

sont absents, mais vont très vite
Pas beau? Non. Mais plus que cela : sublime, forcément sublime...
frôle le poteau. "Il suffirait de presqie rien... pour que je te dise "je t'aime"."
une autre illusion.

A peine remise du vertige tout à coup prise d'un nouveau malaise
ne rien percevoir du drame ?
Comme si tout cela était anodin.
peut-être anecdotique
se rend indispensable, elle tombe
son besoin d'elle
jusqu'au crépuscule
sera moins drôle
s'ébroue autour d'elle ; mais
s'écaillaient,

aucun signe avant coureur
Jusqu'à l'ultime minute, il a hésité.
Un soir grave, il lui avoue
des appels téléphoniques passés en cachette,
s'embrase comme une torche lors d'un atterrissage
L'atmosphère monte d'un cran
jusqu'à sortir de ses gonds.
Et ça chauffe sérieusement.
Ils se battent.
"Elle mord, elle attaque et domine"
Ca devient houleux.
à lever la main
Lentement, la vie devient un enfer.
cette "main de Dieu"
comme un coup de lame
chute verticale
"Il a déconné"
("Mettez-vous à sa place")
"C'est la preuve de la panique"
Et de la colère.
"mais son rôle a été plus ambigu qu'elle ne veut bien le dire."

au tournant. Il est reparti sans bruit ni vagues.
"Rien ne s'est passé comme prévu."

Passé minuit, la rue
à la rame en solitaire.
Le trottoir guette
comme un lourd secret
(éventuel)
sait plus très bien où se situe son centre de gravité
semble tétanisée,
des cauchemars assaillent.

"en finir une bonne fois pour toutes"
envoyer illico la relation déjà mal en point, au bloc opératoire.
Elle le fait,
Exit
"Ca suffit"
"Je l'ai fait, je devais le faire"

Je suis très en colère
Vous l'avez déjà vue en pantalon ? Moi, non.
(et le pire c'est qu'elle sera heureuse, cette dinde).
Bref, c'est une salope cosmique.

mais il faut bien qu'il y ait des failles.
seule. Sans lui.
un cauchemar
Rien n'y fait :
Plus rien, donc.

Le problème, c'est qu'il manque pour l'heure,
maintenant "l'impression de ne pas savoir ce qu'il faut faire",
fouiller les poubelles,
lister les amants ? Mais non.
"Mon grand-père serait triste."
Il y a maldonne...
c'est possible. Las.
c'est la loi de l'emmerdement maximum.
1) déprimant,
2) désespéremment difficile,
3) réellement cornélien
Bref, son calvaire ne fait que recommencer.

Mardi, en fin d'après-midi, tout est allé très vite.
sur le pouce,
n'a lui, à aucun moment, perdu de son effet... improbable.
"J'ai failli pleurer quand je l'ai vu, ne me demandez pas pourquoi puisque vous avez la réponse."
Il ne s'est rien passé.
Même si.
elle, "décidera toute seule",

deux mois plus tard, sa décision était "irréversible"
donne ses raisons. L'explication reste confuse.
a de quoi laisser plerplexe.
donne aussi le tournis.
"On va croire que j'ai péter les boulons"

Nous allons sonder la matière,
"pratique relativement non dangereuse"
"c'est pour soi, pas pour les autres"
"Des blessures, j'en ai eu
était devenu ma drogue"
placards plein de cadavres.
m'a dit : "de toute façon, les filles trouvent un moyen."
Puis, en gros plan,
Tout n'est pas noir
Je crois - j'espère -
Et c'est se leurrer de croire
la lune est une chose
de... rien
"Les plus croyants sont souvent ceux qui doutent le plus".
: "Mais tout se tient, tout se tient"

Le vrai
C'est l'autre
Bon sang !
Absolu contrechamp
lever un tabou
avec lui
En marge
être à 50-50
dare-dare
"au coeur"

scène surprise, public d'adultes avertis

Le face-à-face des filles
main dans la main
quasi huis-clos, et tout s'y passe sur les visages,
chacune à leur tour, les ébats des deux autres, dans le même lit.
ils s'ébrouent
ricochent
tectoniques
Et elles ne regrettent rien.
"sûr de leur choix"
(mais aussi amoureuses

"On est très amusants à voir."

Courir le risque aujourd'hui,
"que l'on vive ensemble, tous les trois"
Histoire de tester
sans doute un jour
"c'est totalement surréaliste"
: "Non c'est très cohérent au contraire"
C'est volontaire.
c'est une hérésie
"Difficile à expliquer à l'homme ordinaire"
Nous n'en rougissons pas.
"Je vais très bien merci"

"Je commence à voir l'autre côté de la vie."