Nous souffrons de peurs d'enfants, de ceux qui ne veulent pas grandir, pas sortir, pas mourir.
Et merde...
Un film tourné à sarTROUville avec des pré-trentenaires dépressifs...

Le contexte, dehors, n'aide en rien. On n'a pas bougé le petit doigt et Sarko fut là, il y était déjà, on savait que rien n'y changerait, qu'on mette un bulletin dans l'urne ou pas, qu'on risque l'arrestation ou qu'on gueule devant la télé, tout, à l'avance, semblait joué. On a passé notre tour. On continue à le passer. A tergiverser, tourner en rond et piétiner. On se regarde faire du sur-place, on regarde le monde avancer sans nous, sans plus aucune place pour nos idéaux. On les dit périmés, utopistes, attardés, post-beatniks-les-doigts-dans-le-nez, on doit devenir raisonnables, productifs, s'insérer, trouver sa place, y rester, bien sagement sans bouger, se lever tôt, ne plus rêver, car le rêve, ça fait pas bouffer.
Créer de la forme, de l'image, du spectacle, du tout-prêt, tout emballé, du blanc sur blanc, du "qui fonctionne". Même les écoles d'art ne sont plus un refuge. L'ont-elles un jour été ? On y parle commerce, vente, marché, on s'y conforme à la conformité. Que rien ne dépasse ou vous serez mis à pied.
Paris englue. Le décret de l'apparence, là encore, conformité, uniforme, aussi obligatoire que la jupe. On te dira comment fantasmer.

En grève contre la post-modernité ! Voilà. Reconductible à jamais et sans préavis, ni même besoin d'une majorité.

Tu m'étonnes qu'on fuit. Mais qui ne le fait pas ? Les internautes, réfugiés derrière leurs écrans, leurs quinze identités, ceux-là même pour qui "in real life" ne rime plus qu'avec insatisfaction, contrainte, résignation et physiques nécessités.

Génération Ken le survivant, accoutumée au chaos, qu'elle digère, avale, gobe et chie sans aucune difficulté. Génération surprotégée, pourrie gâtée de fausse prospérité, de conflits géographiquement éloignés, médiatisés, de promesses de désirs assouvis, de plaisirs immédiats. Génération goinfrée, repue, mais qui continue malgré tout, la gerbe se saurait être un obstacle, on se vide et on recommence, les doigts au fond de la gorge, on est habitué.