OHLALA CELUI-LA
ONLY THE LONELY
DESORDER
simply wretch (c'est rapé)
couacs
(if only the saints) : des refrains que l'on connaît
playlist : 65 jours
des sonates de Haendel, en bouffer

couacs again

Pour bien faire, il faut se mettre debout.

Les mouches se collent à toi comme au cul d'une vache. Vombrissants kamikazes qui ne s'écrasent jamais.
Seuls les avions, invisibles à l'oeil nu, nous rappellent à l'ordre sonore des quotidiens en faillite, des jours ascermentés. La menace, c'est le ciel.

A nouveau, se cacher.

Comment déjouer l'affirmative, aller au-delà de ce constat navrant, de ce prêt-à-l'emploi ? Laborieusement, réapprendre à taper du doigt, exiger du temps en soi. Et dire les choses comme elles viennent, relâcher le langage comme on réchauffe la voix, comme on détend le corps avant qu'il ne s'élance.
L'avant-mouvement.
La porte d'entrée.
Ensuite se faire phasme autant qu'il le prendra, le temps de la fluidité ne compte pas ses heures ni ces renoncements.

SEPTEMBRE EN ATTENDANT

Une nouvelle partie commence. "Honey Love, do you think I can coinche ?"

Ce que l'on s'est dit ce soir-là, je ne m'en souviens pas. Ne restent que des détails. Dehors, le vent qui ne tombait pas. Tu parlais du ciel et moi des bémols. On croyait s'entendre.

La guerre viendra bien assez tôt, de quoi avons-nous hâte ?

Le sommeil n'est pas venu. Tu as peur, je n'attends plus. Tu me laisses te quitter là, dans cette cuisine, tu pars, je ne me retourne pas. Entre nous, les mots ne suffisent plus. Derrière la porte, je te parle encore.

BAD NEWS FROM THE STARS

Juillet 2004 - Il la déteste soudain. Elle ne parvient pas à allumer le feu. Elle a beau faire, elle ne réussit qu'à l'étouffer. Malgré tout elle s'obstine, lui tient tête. Elle a quelque chose à prouver.


Tu es seul en attendant. Plus question d'avoir peur désormais, tu prends ton courage à deux mains, tes tripes sur le devant, tu t'élances, accélères, tu te jettes. Tu crois qu'il est encore temps de rattraper tes errements. Tu y crois, vraiment. C'est le ciel qui t'attend.
Mais tu danses à contre-temps. Dehors, ça va vite, frénétiques emballements à tes trousses te talonnent, te pressent, t'intiment de rejoindre leurs troupes en rang. Au pas la cadence.

Ici l'orage vient vite, de derrière, on le pressent. L'air change de teneur, de tempérament, les insectes se taisent, espèrent en réchapper. Tu remets ton pull. Tu te rends compte qu'elle est partie depuis longtemps, que tu n'envisages plus son retour, pas même une carte postale, avec bons baisers et souvenirs émus. L'odeur du feu éteint imprègne les murs, monte à l'étage, jusque dans ton lit. Cette nuit, tu as bien dormi. Mais au réveil, l'âpre odeur froide, l'entêtant mauvais goût dans la bouche font tout revenir en bloc, tes mots et ses gestes, ce que tu as une fois de trop omis. Tu repars, accélère et te jettes.

ATOM HEART MOTHER

Le Triou, mercredi,
Mon cher ami,

J'ai achevé hier la lettre en allemand que je t'avais promise. En voici un post-scriptum non traduit, une parenthèse finale avant de te quitter en t'embrassant.

Ici les journées sont douces. De l'extérieur, on pourrait croire que nous sommes constamment en retard. Nous nous appliquons juste, avec minutie et sans relâche, à prendre notre temps. Du réveil au souper, nous faisons preuve des plus grandes ingéniosités pour que tout dure, longtemps. Nous t'évoquons parfois, sans dire que tu manques à l'appel, reprenons les jeux que tu affectionnes, le goût que tu dispenses.

Le jardin ouvre sur l'horizon que seules bordent les montagnes. On y voit défiler toutes sortes de pressions atmosphériques, des roses et des mélancoliques, des limpides et quelques obscures. On attend que la pluie vienne pour enfin pouvoir se réfugier, raviver les braises et attendre que cela passe. Car cela passera, sans qu'on ait eu le temps d'entrer dans le rythme, de prendre la mesure de ses agencements.
Autour de la table, les solitaires se reconnaissent, ils racontent leurs histoires car ils se savent pour une fois écoutés. Ils s'épanchent, eux qui ont tout perdu. Nous, on continue à jouer. On abat les cartes, on bouge les pions, on tire les dés. Les mirages, en rase motte, ne sauraient nous arrêter. Nous prendrons le temps d'espérer, pas de gain qui tienne, pas de ligne d'arrivée.

Le ciel hésite. Des percées de lumière sous-tendent le paysage et donnent une acuité particulière au paysage. Un angle à 45°. Nous sommes encore bringuebalants. On balbutie malgré notre âge dont certains disent qu'il es déjà fort avancé. Mais tu sais tout cela.

Ce que tu ne sais pas, c'est que deux plantes anachroniques poussent sur le muret, au bord du champ, et qu'une belette dort dedans.

Voilà, mon ami, nous y sommes. Je te quitte pour de bon et je t'embrasse. Nous partons demain.


Le Triou, 4-8 juillet 2011.