paris, dec 05

Il ne le sait pas encore, mais tout s'est joué là, dans une cuisine.

Un jour, en juillet, la tarte au fromage qu'il a fait en attendant qu'elle revienne. Une autre fois, au milieu des autres, quand elle a soudain eu envie de pleurer. Quand elle rit toute seule au dessus de l'évier. Comment elle lui raconte ses rêves au petit déjeuner. Chaque fois qu'ils se chamaillent encore pour savoir si les oignons se cuisent en premier. Ce qu'il ne dit pas, mais qu'elle sait. Quand raisonneuse, les mains dans la vaisselle, elle lui a dit qu'il ne fallait pas chercher mais attendre, attendre et patienter. Leurs dimanches café au lait, quand d'eux-mêmes, ils n'étaient jamais rassasiés. Au quatrième matin, sur le carrelage froid, quand elle n'a plus voulu parler. La nuit où il a su qu'il allait la quitter. Toutes les fois où ils se sont passés de manger. En se resservant du vin, quand il a décidé qu'il n'y aurait qu'elle. Parce que ce soir-là, elle n'a pas voulu se coucher. Parce que tout était toujours trop salé. Son post-it, sur le frigo, "je n'attendrai plus, je suis pressé". Quand il a accourut pourtant, parce qu'elle s'était coupée. Le sang, sur le mur blanc. Quand il a fait semblant de l'écouter, parce qu'il n'a pas entendu qu'elle le lui disait, parce qu'elle n'a pas répété. Parce que soudain, la béchamel, c'était compliqué.