L'ERREUR COMMUNE DÉCOULE DE LA PROJECTION

C'est pas moi qui l'ai dit, c'est Jean-Luc.
Godard.
Evidemment.
Journée en sa compagnie, lundi, d'abord à la cinémathèque pour Deux ou trois choses que je sais d'elle, puis à Beaubourg, pour l'expo, Voyage(s) en utopie. Elle aurait pu s'intituler GOD/ART cette expo, tiens, et cela aurait été mérité. Outre le tintamarre médiatique, le fameux "commissaire d'exposition" et les frasques de l'autre monsieur, y a de quoi disserter sur l'installation. Trois salles, mathématiquement liées, "une équation simple comme X+3=1", trois salles, "avoir été" - le fantôme de "ce que cela aurait pu être", l'exposition avortée, la véritable clé - "avoir" - jungle d'images et de sons, hier, touffue et chaotique, à l'image de l'illusion cinématographique ? - et enfin "être" - déconnectée, qui du train ne voit pas l'arrivée, remplie de la platitude des images, de celle des rêves préfabriqués, du monde télévisé, croulant sous le vide, le poids du "plus jamais ça"...
Faut y aller, pour se faire son idée. Certains taxeront d'intellectualisme mal placé... mais peut-être n'y a-t-il rien à comprendre et tout à trouver.

Au cinéma des cinéastes dimanche, un des films primés au festival Visions du réel, de Nyons, La vie est une goutte suspendue, de Hormuz Key. Titre annonciateur. Sans peine, je me suis laissée embarquée. Un film-portrait, celui de Christian de Rabaudy, les trois dernières années de sa vie, l'histoire de la relation, en perpétuelle tension, avec le réalisateur-ami. Être profondément solitaire, assurément incompris, délaissé, dénigré, car dérangeant, en marge, "débordé d'intelligence", véritablement divin dans la manière dont il avait de comprendre et dépasser. Mais ce serait sûrement le dénaturer que de chercher à le qualifier.
« Le réalisateur, c’est celui qui s’empare de l’acteur en face de lui et en fait un être complètement dépendant de lui » - Un film qui parle donc aussi de cinéma, subtile mise en abîme, de la relation (interactivement perverse?) qui se crée entre le réalisateur et celui qu'il filme, le double-jeu du "ne me filme pas mais filme moi quand même", de ce voyeurisme aimant, presque amoureux, qui ne quitte jamais des yeux.

WE DRANK VINE ANYWAY OR MAYBE BECAUSE OF

Ratures sur un piètre printemps. Reconduction de chassés-croisés. Flux, reflux, ressac. L'oscilloscope remplace le balancier. Se parler, s'entendre, se toucher, ça devrait être simple, ça ne l'est pas encore tout à fait.

"Bouée de sauvetage vs. bitte d'amarrage", on cherche à ne plus de errer, comme l'on craint de s'attacher.

Le passé revient et j'pars pour le week-end. Pressant besoin de m'absenter. "Disculpame pero me voy", mais c'est un minimum.