QUAND ON EST NIHILISTE, IL FAUT SE PASSIONNER

De retour. De nul part. J'étais même pas partie en fait, j'ai bien eu envie d'écrire ces derniers temps, mais rien qui me semblait la peine d'être partagé.

Ouais, un peu en R.P.P. (Révolution Personnelle Périodique), larvée, latente, qui ne trouver pas vraiment s'exprimer... Faut dire que les groupes masqués de ce qui me reste de velléités ont dû repousser les assauts nourris et répétés de ma Contre-Révolution intérieure, celle-là même qui me fait sentir un peu "vieille conne réac" en ce moment. Statu quo pour le moment.

Et puis, j'étais aussi en plein regroupement des forces en vue du round#2 de la fémis. Stressée ? un peu, j'ai fait plusieurs fois le tour du "lac daumesnil" lundi, aux abord du bois de vincennes ("lac", c'est vite dit, un peu d'eau où certains autochtones parisiens se plaisent à canoter, le dimanche et jours fériés, se croire un peu "à la campagne" au milieu de tout cet "aménagé"...), j'ai fait le tour, donc, à fond la caisse, pour arrêter un peu de penser, pour que le mouvement des jambes court-circuite un peu celui de la tête... ça marche, en tout cas. Le truc le plus troublant en fait dans ce concours, c'est qu'il fait revenir sur soi (peut-être comme la plupart de ces "épreuves"), vu qu'à partir d'un moment, la sélection se fait en grande partie à l'échelle d'une certaine "affinité" ou plutôt d'une "intersubjectivité". Donc la préparation est un peu passée pour moi par un "examen de conscience" interminable du pourquoi du comment je me retrouve là. Stérile et égocentrique, certes, mais bon, ce sont des passages obligés dans la vie de mon petit moi, check point, on redéfait le puzzle et on remet les pièces une à une, dans un ordre subtilement différent, invisible à l'oeil, mais bien là pourtant. La nuit d'avant, j'ai trop mal dormi, cauchemar, je ne me réveille pas pour l'épreuve, ou plutôt quelqu'un m'empêche de dormir... ce fut la première fois depuis longtemps que je n'avais pas été aussi sincèrement heureuse d'entendre sonner le réveil. Comme quoi... J'y étais une heure en avance, ni plus, ni moins, le temps de prendre un premier café, puis un deuxième, deux clopes, prendre un peu la mesure de la rue, un pas de recul avant de se lancer.

Au final, "ça ne s'est pas mal passé".

Pendant l'entretien, une des trois femmes qui composaient ce jury aux allures plutôt "intimistes", m'a demandé "et le blog, alors?". Une perche assez agréable pour parler de ce truc étrange qu'est "l'écriture intime qui se donne à lire", de placer une dédicace à solveig, qui quand même, il faut bien le dire, est celle qui m'a un jour donné envie de pratiquer ce genre périlleux qu'est celui de l'écriture d'un blog perso. Périlleux, car toujours entre deux, entre soi et l'autre, entre intime et public, entre dedans et dehors. Dans le blog, la frontière est floue, l'écriture exerce des trouées, perfore le voile, expose à l'air et au regard...
Après, on peut certes questionner et critiquer. Pourquoi d'abord, ce besoin de rendre public la moindre de ses petites pensées, le pet de travers comme l'insignifiant bonheur dérisoire et passager, ce que l'on pense de ce, de ça, du reste, comme si ça changeait quelque chose au fond, à ce merdier qui règne dehors, à cette avancé infernale vers des lendemains qui chantent faux ? Un narcissisme certain, du nombril mal placé, exhibitionnisme et voyeurisme tous deux entremêlés dans la grande toile virtuelle du web. Mais voilà, c'est une réalité, internet est espace de vie, toute virtuelle qu'elle est. Dans Deux ou trois choses que je sais d'elle, Godard fait dire au personnage joué par Marina Vlady quelque chose comme "les moyens de communication seront à la base de l'architecture des relations de demain". Bien vu. On est alors en 1967 et il parle surtout alors de la télévision et du téléphone. Quarante ans plus tard, internet, c'est un peu télévision+internet, et cet espace virtuel, qui tient surtout à une certaine technologie et à l'usage que l'on en fait, structure effectivement des réseaux, des relations, s'en fait le support, le médium, la fin parfois. Alors oui, y écrire, c'est tirer un petit fil jusqu'à soi, pour qui y aura la curiosité de s'y accrocher. Ceux qui ne veulent pas ne sont pas forcés !

(...)

Je suis en train d'écouter la compile caballo maltito que m'a faite el lokoyuan, un peu d'air barcelonais dans mon 12e, fenêtre ouverte sur ce qui fut une belle journée. Mire était là depuis hier. On s'est attrapé à belleville, una cana au zorba pour se retrouver, comme si de barcelone à paris, il n'y avait qu'un pas, moins que ça même, et que de toute façon, cela avait pas vraiment d'importance. Deux après-midi à marcher en parlant, à parler en marchant, picnic à beaubourg, picnic aux buttes-chaumont, rien de plus simple... On est aussi allé voir le dernier Almodovar, Volver, on est ressorti un peu déçues, un brin frustrées, par ce film qui ne fait qu'effleurer les choses sans jamais s'y attarder. Almodovar y su ninas... oui, mais, sans elles, quoi ?
Je me rend compte à quel point le castillan me manque, j'ai toujours cette impression bizarre que tout me paraît plus simple quand je me mets à parler, et donc penser, dans cette langue (à l'inverse extrême de l'anglais qui me fait me perdre en nuance et en complications...). Je ne sais pas pourquoi, sûrement parce que je parle un castillan rudimentaire, brut de fonderie, un peu à vif et grammaticalement incertain... mais il y a décidément quelque chose dans cette langue, qui accroche, qui attache, tout autant qu'elle coule, d'assonance en échos... dame el veneno...

Un jour, j'habiterai au sud.

I LOVE YOU BUT I HAVE CHOSEN DARKNESS

Un jour, grand-mère m'a dit "et surtout, aime bien".

Je ne sais pas si j'aime "bien", je ne sais pas trop comment j'aime d'ailleurs. Trop, pas assez, jamais au bon moment... Alors que le désir et l'envie devraient être les seuls outils de navigation auxquels faire confiance dans ce genre de territoires, j'ai toujours un peu du mal à lire les cartes... Tout cela, c'est à cause de ce va-et-vient perpétuel entre i want to believe et i know now... entre oui et non, entre fulgurance et concret... Fait chier !

Notes pour plus tard :

La tentation du sublime et de la fulgurance, c'est quoi ? Chut, on ferme les yeux et on entend... La quête de Jacques Brel :

"Rêver à l'impossible rêve, porter le chagrin des départs, brûler d'une impossible fièvre, partir où personne ne part. Aimer jusqu'à la déchirure, aimer, même trop, même mal, tenter, sans force et sans armure, d'atteindre l'inaccessible étoile. Telle est ma quête, suivre l'étoile, peut m'importe mes chances, peut m'importe le temps, de ma désespérance, et puis lutter toujours, sans question ni repos, se damner, pour l'or d'un mot d'amour, je ne sais, si je serais ce héros, mais mon coeur serait tranquille, et les villes s'éclabousseraient de bleu, parce qu'un malheureux, brûle encore, bien qu'ayant tout brûler, brûle encore, même trop, même mal, pour atteindre, à s'en écarteler, pour atteindre, l'inaccessible étoile."

et le concret ? plutôt du côté de dominique A, Le courage des oiseaux :

"Dieu que cette histoire finit mal, on n'imagine jamais très bien, qu'une histoire puisse finir si mal, quand elle a commencé si bien, on imagine pourtant très bien voir un jour les raisons d'aimer perdues quelque part dans le temps, mille tristesses découlent de l'instant (...) peut-être finissons-nous par nous laisser, si seulement nous avions le courage des oiseux (...) ton dos contre mon dos... si c'est ainsi que l'on continue, je ne donne pas cher de nos peaux..."

Bref, en ce moment, je me sens dans cet entre-eux-deux-là, le grand écart, quoi...!

J'ai téléchargé plein de chansons de Léo Ferré l'autre jour, tout en conseillant à Ssik de ne pas trop en écouter, d'abord pour Les anarchistes, ensuite la mélancolie. Et ouais, la mélancolie... chut, on se re-tait, on écoute encore, on apprend un peu ... "(...) c'est ce qu'on peut pas dire, c'est dix ans, purée, dans un souvenir (...) c'est se retrouver seul place de l'opéra (...) c'est voir sa maman chaque fois qu'on se voit mal (...) c'est sous la blessure voir passer le temps (...) c'est les bras du bien quand le mal c'est beau, c'est quelque fois rien, c'est quelque fois trop (...) faire la peau au divin hasard (...) c'est un désespoir qu'a pas les moyens..."

Rien à ajouter.

La vieille conne réac' qui réside en moi se permettrait juste de rajouter pourtant que "c'est ce à quoi il n'est pas bon se laisser aller trop longtemps", parce que sinon, on y perd sa vie, on y perd son temps, on passe à côté du présent... on fait son antigone, alors que bon, y a pas non plus de quoi se flageller... si peu... et pourtant...

L'autre nuit, dans mon rêve, j'ai mis de tous petits coquillages dans d'encore plus petites boites, pour ne pas les perdre, pour savoir où les retrouver...

p.s. : Je le dis, comme ça, je ne pourrai plus reculer. Je vais tenter de donner une forme un peu plus "home made" à cette page-blog. Oui, parce qu'avant, c'était bleu-layette-à-fleurette et maintenant c'est tout vert, et ni l'un ni l'autre n'est vraiment "satisfaisant". Enfin, merci Veg, j'ai toutes les cartes en main pour, la mettre justement, la main à la patte, ça sera pas simple, oula non, à peu près aussi "compliqué" que de se mettre au permis de conduire, comme d'habitude, une "simple" question d'envie... mais qui ne tente rien, n'a rien, c'est ça qu'on dit.